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LE VEUVAGE  ABSOLU

   

Le veuvage n’est pas difficile à pratiquer, mais encore s’agit-il de savoir comment s’y prendre et surtout de savoir ce qu’il faut faire et ne pas faire pour arriver au succès.

Bien jouer au veuvage pendant une saison, cela arrive à peu près à tous ceux qui adoptent le système, alors qu’ils sont déjà en possession d’une série de males d’élite.

Tenir le coup durant deux ou trois ans, cela arrive encore aux managers habiles, qui ne se laissent, pas griser par des succès inespérés et qui s’efforcent de trouver la cause réelle de la grande forme montée par leurs voiliers.

Mais résister cinq ans, six ans et plus au veuvage, cela n’est possible qu’à une minorité d’observateurs sagaces, de travailleurs infatigables et de joueurs prévoyants.

Aussi bien constatons-nous, que des hommes qu’on aurait cru à l’abri de toute défaillance, sombrent soudain dans l’oubli le plus noir, après avoir été la terreur de leurs concurrents, et qu’un peu partout, les étoiles de la première année de veuvage ne sont jamais que des étoiles filantes, très tôt disparues, après avoir brillé d’un extraordinaire éclat au zénith colombophile.

Ce n’est pourtant pas vrai que le veuvage tue les pigeons.

Intelligemment joués, les veufs durent beaucoup plus longtemps, que les autres pigeons. Et c’est, en partie, ce qui cause la perte des veuveurs novices.

Constatant que leurs favoris résistent longtemps, ils négligent d’assurer l’avenir et quand les champions sont usés par l’âge, il n’y a pas de réserves pour combler les vides. Car des sujets quelconques ne sont pas des réserves.

De vraies réserves, ce sont des mâles prudemment entraînés comme pigeonneaux et comme yearlings, accouplés si possible à l’âge de deux ans et séparés jusque là.

Tout au plus peut-on accoupler les futurs veufs, quand ils ont un an, à condition de ne pas les laisser élever plus d’un couple de jeunes et de les aider dans leur tâche de nourriciers.

Et dans ce cas, la prudence commande encore de ne jamais les mettre au panier que dans une position calme, c’est à dire au couvage.

Un pigeon d’un an qu’on a poussé à donner tout ce qu’il peut 1’année de sa naissance, fait rarement bien. De même, un nouveau veuf de deux ans fait-il rarement des étincelles, quand il a volé à plein rendement sur des Jeunes, l’année précédente.

Pour avoir de bons veufs de deux ans, et pour les novices nous ne conseillons pas de jouer des yearlings au veuvage, il faut des mâles qui n’ont jamais été poussés, qui volent donc sur leur premier feu.

En temps de concours, ils vivent avec les veufs, au colombier de veuvage, mais ils ne volent pas ou ne volent qu’exceptionnellement dans les concours bien entendu, car ils font les mêmes volées du matin et du soir que les veufs, et ils s’habituent ainsi au régime qui leur sera impose plus tard

Ainsi menés les yearlings se développent dans les meilleures conditions.

Au mois de Juin, Juillet, pour les plus avancés, nous leur faisons courir une ou deux étapes sur la ligne Sud.

A deux ans, les uns et les autres reçoivent un casier bien en face de la rentrée, ils sont accouplés avec une femelle en excellente santé, et ils sont entraînés au couvage, jusqu’à quarante kilomètres, au moins.

Longtemps contenue, 1eur passion leur fait faire des prodiges quand on 1eur donne libre cours.

Aux moyennes étapes de la ligne Nord, c’est à dire jusqu’à 400 kilomètres, les veufs de deux ans sont les concurrents les plus redoutables.

Nous ne conseillons cependant pas d’exagérer et nous sommes adversaires de les enloger pour une étape de plus de 600 kms; cela suffit pour compromettre leur forme’ et leur avenir, et ce ne sont pas les exceptions qui nous feront changer d’avis.

Le Vrai Veuvage ou le Veuvage Absolu.

Il y a mille et une façons de jouer le veuvage. Il y a surtout de mauvaises manières de le jouer et c’est la raison des cuisants échecs.

Parmi les bonnes façons de pratiquer le veuvage, la méthode du veuvage absolu, celle qui est exposée plus loin, est certainement la plus sûre.et peut-être l’une des meilleure.

Si nous ajoutons peut-être, c’est parce que nous croyons qu’adopté par un « artiste » colombophile, le veuvage absolu donnerait encore un rendement supérieur au long cours principalement.

Mais outre le danger éloigné qu’il offre pour l’avenir de la culture, en retirant les meilleurs voyageurs de la production, durant leurs plus belles années, le veuvage absolu, présente un risque immédiat. Ce risque est capital, car c’est vraiment un quitte oui double que joue celui qui se décide pour cette méthode.

Avec ce système, il n’y a pas de moyen terme : c’est ou bien le succès prodigieux ou bien la guigne la plus noire.

Et le succès dépend d’un équilibre tellement instable, qu’il suffit d’un rien pour le compromettre et le ruiner irrémédiablement.

Jouer une équipe de mâles au veuvage absolu, c’est jongler, d’un bout à l’autre de la saison, avec des lames acérées.

Une simple erreur, un seul faux calcul; un unique moment d’inattention ou d’hésitation, et tout l’édifice patiemment échafaudé s’écroule comme un château de cartes.

Au cœur de tout vrai colombophile, sommeille le rêve de connaître un jour semblable gloire, par exemple en inscrivant son nom en tête du palmarès ‘de quelque, grande épreuve.

PREPARATION AU VEUVAGE ABSOLU

1ère Règle :

Tant qu’un male n’est pas mis à la production, il ne peut ni avant, ni après la campagne, voir éclore un seul jeune.

Dès qu’un male a vu éclore un jeune, il ne peut être soumis au veuvage absolu.

L’éducation du futur veuf commence dès le sevrage. Sitôt que son sexe a pu être déterminé, il passe dans un compartiment spécial, effectue ses volées avec les males de son âge et ne voit jamais une femelle. A un an, même traitement, il est célibataire.

Celui qui n’a pas la place suffisante, peut mettre ses males d’un an, non accouplés, au colombier des veufs, où ils ont leur casier comme les voyageurs.

A deux ans, les males sont accouplés pour la première fois.

Dès le 12ème jour de couvage, les femelles sont enlevées, et ne reviennent plus au colombier, tant que les concours ne sont pas terminés.

2ème Règle :

Contrairement à ce qui se passe habituellement, les veufs ne voient donc pas leur femelle, ni avant la mise en loges, ni au retour du concours. Ce qui les attend à leur arrivée, c’est leur ration, agrémentée d’un mélange dessert.

On conçoit que, dans ces conditions, fort peu de sujets mordent tout de suite et que beaucoup d’entre eux ne mordent même pas de toute la saison. Il en est qui se découragent et refusent toute nourriture. Le manager s’efforce de remonter leur moral. S’il échoue, l’oiseau ne convient pas et doit être éloigné du colombier des VEUFS.

Donc, dès sevré, le futur veuf absolu ne vagabonde pas sur les toits comme les autres pigeonneaux. Il n’est pas nourri à demeure, mais prend ses repas, deux fois par jour, après avoir effectué une volée qui va croissant, jusqu’a atteindre une heure. Il est traité comme un vrai veuf, sauf qu’il n’a jamais été accouplé et qu’il ne voyage pas.

N’ayant jamais subi la moindre entrave, son développement physique se fait souvent avec lenteur, mais presque toujours à la perfection. De même, sa mue suit un cours régu1iêr, exempt d’à-coups et ses plumes repoussent toujours plus belles que 1es plumes des autres juniors.

Un bain forcé d’eau tiède par semaine contribue ‘d’ailleurs à le maintenir en excellente santé.

Ne connaissant rien de la’ promiscuité des paniers de voyage ou d’entraînement, ne faisant pas le champ, le jeune mâle ne contracte’ aucune des maladies qui se propagent au panier ou qui résultent de la mauvaise nourriture absorbée en campagne.

Bien entendu, le bac rempli de grit, pierre à picorer, bloc sel reste en permanence au colombier. De même, la verdure finement hachée n’est, point ménagée.

Parvenu à l’âge .d’un an, le’ junior aura été entraîné entre temps, aux quatre points cardinaux, grâce à de multiples lâchers individuels il peut alors passer dans un compartiment spécial ou directement au colombier des voyageurs, ou il ‘est traité exactement comme ceux-ci, sauf qu’il n’est pas accouplé, ni.au début, ni, à la fin de la campagne.

Pour bien faire, il faut laisser les yearlings au pigeonnier des jeunes mâles, jusqu’à ce que les femelles des vieux aient été enlevées.

Cela n’offre aucune difficulté, puisqu’il n’y a pas encore de pigeonneaux sevrés à ce moment là.

Ce qui est peut-être un peu plus malaisé, c’est de changer ‘:les mâles d’un an de pigeonnier au printemps, sans les accoupler.

Le seul moyen d’y réussir assez vite, consiste à les laisser au préalable de vingt quatre à quarante huit heures sans manger.

Cette petite cure dépurative ne peut d’ailleurs leur faire que du bien.

On les place ensuite au colombier des vieux, où une case leur est réservée. ‘Enfermés dans cette case, ils y sont nourris et abreuvés. Avec parcimonie au ‘début.

Lâchés dans le pigeonnier, ils, retournent à leur casier pour manger, s’i1s sont tenus sur une pointe de faim.

Une fois bien habitues, ils sont’ mis en liberté après un .nouveau jeûne de vingt quatre heures. Il y en a qui sont adduits du premier coup. Les autres le sont dès la deuxième ou au plus tard dès là troisième tentative.

Tant qu’ils ne .voyagent pas, les vieux et par conséquent aussi les yearlings, sont tenus assez court, histoire de les dresser et de les habituer à obéir sans hésitation aux commandements du manager. Une longue baguette sert à leur faire réintégrer rapidement leur casier (il ne faut jamais chasser un pigeon avec la main).

Après chaque volée, un coup de sifflet les appelle et celui ‘qui’ ne rentre pas vite, est .privé de son repas.

Après quelques petites expériences de ce .genre vous voyez la bande plonger d’emblée et s’engouffrer dans la baie, qui doit avoir au moins 80 cm à 1m de haut et, si possible, au moins autant de large. (Un spoutnik d' 1m, 1,20m convient également très bien)...

L’essentiel est que le manager ait toujours ses pensionnaires en mains, qu’il s’en fasse aimer et craindre en même, temps, et que le moindre de ses mouvements puisse être compris tout de suite.

Donc; pas de geste inutile au colombier de, veuvage, et surtout pas de cri, que les oiseaux puissent interpréter défavorablement. Chacun est appelé pan son, nom, dressé, à se défendre à coups de bec et à coups d’aile dans sa case, habitué à recevoir une friandise quand il l’a mérité.

Accouplement des Veufs.

Au veuvage ordinaire, les pigeons ne résistent guère plus de deux mois ou trois mois grand maximum. La plupart sont fourbus après cinq semaines et parfois moins.

Au grand veuvage, au contraire, les mâles n’arrivent en forme que la sixième semaine après qu’on leur a enlevé leur compagne. L’accouplement se fait d’après le jeu que l’on préfère vitesse, demi-fond ou fond. Mais de toute façon, il ne peut avoir lieu avant. le 1er mars.

Sitôt que les couples couvent de dix à douze jours, les femelles sont enlevées. Les mâles continuent un jour ou deux et dès qu’ils ont abandonné, leur plateau est retourné.

Comme tous les casiers de veufs, ceux des veufs absolus doivent pouvoir être divisés en deux compartiments. Toutefois, nous conseillons que la cloison derrière laquelle se trouve le plateau, soit pleine au lieu d’être à claire-voie.

Que’ faire des femelles? Les héberger dans un colombier situé le plus loin possible et en tout cas hors de vue de veufs. Ceux-ci ne doivent pas entendre les appels de leurs femelles et même les appels de femelles au naturel. Pour bien faire, le colombier où l’on joue le grand’ veuvage, doit se trouver .dans un endroit très calme, éloigné de tout bruit inutile.

Ce n’est pas d’absolue nécessité mais plus les veufs vivent dans le calme, plus ils ont de chance de prendre du repos et de se distinguer comme savent se distinguer les veufs absolus.

Après 1a saison sportive, les veufs qui n’ont jamais revu leur ‘femelle la reçoivent en retour, bâtissent un second et dernier nid, couvent une dizaine de jours et sont à nouveau séparés en vue de la grande mue.

Celle-ci terminée, les casiers sont démontés ou cachés par un vieux drap tendu et remplacés par des perchoirs individuels en V inversé.

Sitôt que les froids sont là, les femelles peuvent être remises au colombier avec leurs mâles, mais on force toute 1a bande à rester le plus, possible au dehors toute la journée, quand il y a moyen et qu'il n'y a pas de rapace...

Quoi qu’il en soit, les amours intempestives sont contrariées d’une manière impitoyable et les œufs qui viendraient à être pondus, ne peuvent être tolérés une seconde de trop.au colombier.

Les femelles ne comptent d’ailleurs pas quand on joue le grand veuvage. Du moment qu’elles sont en santé’ cela suffit. Les meilleures veuves sont les femelles stériles.

Pour maintenir le moral des mâles, rien de tel que de les laisser le plus tard possible avec leurs femelles, durant la saison de repos. Avec des femelles stériles, cela va tout, seul. Avec les autres, II y a dés précautions à’ prendre. Mais tant  que les casiers ne sont pas remontés, le danger est toujours réduit. Ce qu’il faut éviter, se sont les chasses interminables et surtout indésirables. Point n’est besoin, pour cela, de réduire la ration, ce qui serait néfaste. Mieux vaut obliger, chaque fois qu’on le peut, lés oiseaux à rester au dehors.

Les volées du matin et du soir sont d’ailleurs un moyen de contenir la fougue des échauffés. A moins que le temps ne soit réellement trop mauvais, les volées doivent, se faire tous les jours et durer environ trois quarts d’heure comme en saison de concours.

Vous constaterez par ce qui précède qu’il ne peut jamais être question d’accorder des vacances aux mâles soumis au veuvage absolu. La discipline, pour eux, est très stricte et ne se, relâche pratiquement qu’aux deux moments où ils sont accouplés au début de la saison et raccouplés sitôt les voyages terminés.

L’entraînement des veufs :

L’entraînement des mâles destinés au veuvage absolu, commence dès le sevrage, sitôt que les pigeonneaux savent voler autour du colombier, ils effectuent, matin et soir, une volée semblable à celle des pigeons de voyage.

Cette volée se prolonge rapidement jusqu’à .trois quarts d’heure et même une heure. A ce moment-là, les pigeonneaux peuvent voler en même temps que les: veufs, ce qui simplifie. le travail du manager.

Mais entretemps, commencent: les petits, entrainements aux quatre points cardinaux avec lâcher individuels.

La veille d’un entraînement le pigeonneau ne reçoit pas à manger, le soir, mais seulement une légère collation, le matin. A son retour, il trouve les graines qu’il préfère et peut se rassasier.

Ainsi traité, il s’habitue à réintégrer son logis sans perdre une seconde et à rentrer en bolide.

A un an, les ‘futurs veufs sont conduits de la même manière.

A deux ans on lès entraine, si possible, sur leurs œufs.

Il n’est pas nécessaire d’aller fort loin: 30 à 40 km, suffisent et parfois moins.

Sitôt la séparation effectuée, les entrainements reprennent avec précaution. On les précipite des que le moral est revenu, si le temps est favorable. En cas de mauvais temps persistant, on prend patience. Ce n’est d’ailleurs qu’après quatre semaines de veuvage qu’on peut espérer de beaux résultats.

Avec des mâles de deux ans qui ont été menés comme nous l’avons dit, il n’y a. pas grand chose à craindre, si l’on sait attendre le bon temps. Dès qu’on arrive à cent ki1omètres il n’est plus nécessaire, de faire les étapes intermédiaires. On peut très bien aller d’emblée à 300, puis à 500 ou 600 km.

Pour bien faire, on ne dépasse pas cette limite, la première année de veuvage. Au contraire, on fait encore mieux de rester en deçà de 500 km.

Mais à trois ans, on peut faire donner, à fond, les veufs absolus; tout le programme de concours ne les fatigue nullement, s’ils ont du coffre et de la volonté.

On n’effectue jamais la moindre étape entre les concours. Les deux volées journalières suffisent, mais on prend ses mesures pour qu’elles se fassent dans toutes les règles très tôt le matin et très tard le soir, Surtout si l’on vise le fond.

Nous attirons l’attention sur la nécessité qu’il y a, d’y aller; avec prudence, les deux premières semaines qui suivent la mise au veuvage. Ce n’est qu’après qu’on a vu les mâles reprendre le dessus, qu’on peut y aller avec vigueur. Les mâles qui revoient leur femelle au retour les étapes, sont vite remis. Mais les autres demandent du temps et des précautions.

Les obliger à voler trop longtemps, au début, serait les dégoûter à tout jamais du genre de vie qu’on prétend leur imposer.

Par très top le matin au mois de Juin, (6h00) et très tard le soir (21h00) la volée doit durer environ 1 heure.

En entrant de leur volée, les veufs doivent manger et boire en principe au casier.